Hayao Miyazaki, Le voyage du féministe

Certain.e.s d’entre vous se demanderont quel est le lien entre Hayao Miyazaki, #2ndeVie et H.A.W.A au féminin ? Alors je répondrai l’envie. Car en effet, Hayao Miyazaki le féministe, affirme que les sociétés valorisant les femmes sont celles qui réussissent le mieux. Or, notre envie d’émancipation des femmes par la réappropriation de sa force de travail rejoint l’œuvre de l’artiste. Au final, nous désirons tous mettre femmes et hommes sur le même pied d’égalité au sein de notre société.

Nausicaa de la vallée du vent - Hayao Miyazaki - Nausicaa, la princesse vu par un féministe.
Nausicaa de la vallée du vent – Hayao Miyazaki – Nausicaa, la princesse vu par un féministe.

Femme Forte, femme guerrière, Femme je vous aime.

Dès 1984 le rôle principal de son film Nausicaa de la vallée du vent est tenu par une demoiselle jeune et fougueuse. Habitué à voir des femmes présentées comme des objets sexuels ou des victimes attendant leur prince charmant. Cette année-là, le public découvre une héroïne forte, débrouillarde et autonome. Une combattante qui ne cesse jamais de se battre pour ce qu’elle estime être juste par ses propres moyens.

Qu’elles soient craintives ou capricieuses, les femmes d’Hayao Miyazaki, vont conquérir les écrans du monde entier en masse. L’animation japonaise de ce qui n’est pas encore “Ghibli Studio” se fait gospel du féminisme.
Kiki, Satsuki, Mei, Chihiro, dame Eboshi, San, Sophie… Toutes au cours de leurs histoires respectives nos héroïnes seront amenées à surmonter les obstacles ou épreuves se dressant sur leurs parcours et avancer vers une réappropriation et une émancipation de leur personnage. Et durant leurs péripéties, l’auteur n’hésite pas à accentuer leurs forces et leur caractère indépendant. En faisant intervenir des personnages secondaires masculins qu’elles sauveront ou aideront d’une manière ou d’une autre. Un joli pied de nez à notre ami américain aux grandes oreilles.

Princesse Mononoké - Hayao Miyazaki, 1997 - Dame Eboshi et les femmes de la forge.
Princesse Mononoké – Hayao Miyazaki, 1997 – Dame Eboshi et les femmes de la forge.

Mère, cheffe du foyer

De plus, Hayao Miyazaki célèbre également le rôle de mère dans son œuvre. Figure centrale dans plusieurs de ses films d’animation; En total contraste avec la socièté japonaise; La femme endosse naturellement ce rôle de protection et de cheffe du foyer.

Qu’il s’agisse d’éduquer son enfant seule, d’en adopter un, ou, dans le cas de Dame Eboshi (Princesse Mononoke), de diriger un village entier et redonner à des femmes en difficultés la possibilité de s’émanciper, changer de vie et travailler dans le village des forges où elles sont traitées comme l’égal de l’homme (quand je vous disais qu’il y’avait un lien entre H.A.W.A au féminin et Hayao Miyazaki). Les femmes de ce féministe, loin d’être parfaites, nous surprennent par leur bravoure et leur humanité.

Le Royaume des Chats - Hiroyuki Morita, 2002 - Haru, une héroïne qui a du chat.
Le Royaume des Chats – Hiroyuki Morita, 2002 – Haru, une héroïne qui a du chat.

Et le Studio Ghibli dans tout ça

Le monde du Studio Ghibli se distingue en deux univers bien distincts. Un univers réaliste et un autre fantastique séparant des protagonistes féminines passionnées et animées par une mission qui rythme leur vie depuis un moment.

La réaliste correspond au quotidien de madame et monsieur tout le monde. Les protagonistes tentent de comprendre ce qu’ils veulent faire de leur vie, quelle personne être, quelle carrière suivre. Là, elles font face à des situations qui reflètent beaucoup plus notre quotidien. C’est le cas dans Si tu tends l’oreille (Yoshifumi Kondo, 1995), Je peux entendre l’océan (Tomomi Mochizuki, 1993) ou Souvenirs goutte à goutte (Isao Takahata, 1991).

L’univers fantastique ou imaginaire quant à lui vous transporte dans un voyage au cœur de mondes où “l’impossible” est absent du dictionnaire. On y retrouve des héroïnes pétries de défauts (une manière de nous permettre de s’identifier à elles) affrontant de durs combats. Hymne au courage et à la persévérance qui nous rappelle à tous, femmes comme hommes, que face à l’adversité, nous restons maîtres de sa finalité. Un peu comme dans Le Royaume des Chats (Hiroyuki Morita, 2002), Arrietty, le petit monde des chapardeurs (Hiromasa Yonebayashi, 2010) ou encore Kiki la petite sorcière (Hayao Miyazaki, 1989).

Le Voyage de Chihiro - Hayao Miyazaki, 2001 - Chihiro ou la quête vers l'émancipation
Le Voyage de Chihiro – Hayao Miyazaki, 2001 – Chihiro ou la quête vers l’émancipation

#2ndeVie et Hayao Miyazaki

En 2013, Hayao Miyazaki décrivait à The Guardian son œuvre par ces mots : “Plusieurs de mes films comportent de forts protagonistes féminins – des filles courageuses, qui se suffisent à elles-mêmes et qui ne réfléchissent pas à deux fois avant de se battre pour ce en quoi elles croient de tout leur cœur. Elles auront toujours besoin d’un ami, d’un soutien, mais jamais d’un sauveur.” Cette phrase définit notre travail. Notre structure voit les femmes que nous employons comme des héroïnes d’un film d’Hayao Miyazaki.
Poussons cette métaphore un peu plus loin. #2ndeVie est la pellicule sur laquelle nos héroïnes évoluent vers leurs quêtes de réappropriation et d’émancipation de soi. H.A.W.A au féminin est ce soutien, cet ami, ce personnage secondaire sur qui ces femmes fortes pourront toujours compter. Dans ce scénario, vous êtes leurs plus grands fans.

Plusieurs de mes films comportent de forts protagonistes féminins – des filles courageuses, qui se suffisent à elles-mêmes et qui ne réfléchissent pas à deux fois avant de se battre pour ce en quoi elles croient de tout leur cœur. Elles auront toujours besoin d’un ami, d’un soutien, mais jamais d’un sauveur.

Hayao Miyazaki, The Guardian (2013)
Hayao Miyazaki, Le féministe des premières heures by Studio Murughia
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